René de Obaldia est un poète, romancier et dramaturge
français, né le
22 octobre 1918 à
Hong-Kong.
Fils d'un Consul panaméen (José Clémente de Obaldia) et d'une mère d'origine picarde (Madeleine Peuvrel), il grandit à Paris où il fait ses études au Lycée Condorcet avant d'être mobilisé en 1940. Fait prisonnier, il est envoyé au Stalag VIII C (Sagan). Il est affecté à la briqueterie de Kransdyhernfurt le 26 juin 1940, puis à un commando à Auras-sur-Oder, le 6 octobre 1940, pour un nettoyage de forêt.
Même aux pires moments, il gardait son humour particulier. Ainsi, lors de l'arrestation du curé d'Auras, soupçonné de collaboration avec l'ennemi, il dit à ses compagnons d'infortune qu'il se demandait pourquoi les Allemands n'arrêtaient pas également l'homme de l'horloge parlante : « au troisième top, il sera exactement... »
Il fut rapatrié comme grand malade en 1944.
Il commence sa carrière dramatique grâce à Jean Vilar, en 1960, qui donne au Théâtre national populaire sa première grande pièce, Génousie, puis avec André Barsacq qui crée au Théâtre de l'Atelier Le Satyre de la Villette. Cette comédie le place aux côtés de ses aînés, Jacques Audiberti, Ionesco, Beckett. Il est, depuis quelque 50 ans, l’un des auteurs de théâtre français les plus joués sur la planète, et l’un des plus internationaux (traduit en 28 langues).
Il a été élu à l'Académie française le 24 juin 1999, au fauteuil 22, succédant à Julien Green.
Ce qui frappe chez lui, c’est une facilité d’écriture étonnante. Les pièces d’Obaldia se déroulent toujours dans un cadre emprunté au monde actuel et sur des sujets modernes. La valeur comique de ses oeuvres ne fait aucun doute. Son théâtre invite le spectateur dans un autre monde que celui de la vie ordinaire. Dans Génousie par exemple, l’auteur remplace la langage ordinaire, le français, par le génousien, qui est aussi le langage de la fantaisie, du rêve et de l’amour. Il joue avec la langue pour en décomposer les saveurs, à travers des jeux de mots, l’imitation des parlers les plus divers. Sans limite, il enchaîne les rapports de personnages et les situations abracadabrants, avec toujours un fond de tendresse.
« La marque propre de René de Obaldia est l’humour cocasse » (T. Morimoto)
« Le rire, c’est vivre, ou du moins tenter d’exister » (R. de Obaldia).
OEuvres littéraires
- 1949 : Midi (poèmes)
- 1952 : Les richesses naturelles (récits-éclairs)
- 1955 : Tamerlan des coeurs (roman)
- 1956 : Fugue à Waterloo (récit), Le Graf Zeppelin ou La passion d’Émile (récit)
- 1959 : Le Centenaire (roman)
- 1966 : Obaldia, Humour secret (choix de textes)
- 1967 : Urbi et orbi
- 1969 : In Innocentines (poèmes) où l'on peut d'ailleurs retrouver une illustration de son humour dans "Le plus beau vers de la langue française" :
« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin » Voici, mes zinfints Sans en avoir l’air Le plus beau vers De la langue française.
Ai, eu, ai, in Le geai gélatineux geignait dans le jasmin...
Le poite aurait pu dire Tout à son aise : « Le geai volumineux picorait des pois fins » Eh bien ! non, mes zinfints. Le poite qui a du génie Jusque dans son délire D’une main moite à écrit :
« C’était l’heure divine où, sous le ciel gamin, LE GEAI GELATINEUX GEIGNAIT DANS LE JASMIN. »
Gé, gé, gé, les gé expirent dans le ji. Là, le geai est agi Par le génie du poite Du poite qui s’identifie A l’oiseau sorti de son nid Sorti de sa ouate.
Quel galop ! Quel train dans le soupir ! Quel élan souterrain !
Quand vous serez grinds Mes zinfints Et que vous aurez une petite amie anglaise Vous pourrez murmurer A son oreille dénaturée Ce vers, le plus beau de la langue française Et qui vient tout droit du gallo-romain :
« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin. »
Admirez comme Voyelles et consonnes sont étroitement liées Les zunes zappuyant les zuns de leur zailes. Admirez aussi, mes zinfints Ces gé à vif Ces gé sans fin Tout ces gé zingénus qui sonnent comme un glas : Le geai géla… « Blaise ! Trois heures de retenue. Motif : Tape le rythme avec son soulier froid Sur la tête nue de son voisin. Me copierez cent fois : Le geai gélatineux geignait dans le jasmin. » >>Ici, il fait de remarquable jeux de sons. Le titre est osé, amusant comme le poème.
- 1993 : Exobiographie (mémoires)
- 1996 : Sur le ventre des veuves (poèmes)
- 2004 : La Jument du capitaine (textes)
- 2006 : Fantasmes de demoiselles, femmes faites ou défaites cherchant l'âme soeur (poèmes)
OEuvres théâtrales
- 1960 : Génousie
- 1961 : 7 Impromptus à loisir (L'Azote, Edouard et Agrippine, Le sacrifice du bourreau, Le Défunt, Poivre de Cayenne, Le grand vizir)
- 1963 : Le Satyre de la Villette (qui fit scandale)
- 1964 : Le Général inconnu
- 1965 : Le Cosmonaute agricole, Du vent dans les branches de sassafras (l'une des plus jouées)
- 1966 : L’Air du large
- 1968 : ...Et la fin était le bang, La rue Obaldia
- 1971 : La Baby-sitter et Deux femmes pour un fantôme
- 1972 : Petite suite poétique résolument optimiste
- 1973 : Underground établissement : Le Damné et Classe Terminale
- 1975 : Monsieur Klebs et Rozalie
- 1979 : Le Banquet des méduses
- 1980 : Les Bons Bourgeois
- 1981 : Visages d’Obaldia
- 1986 : Endives et miséricorde
- 1991 : Grasse matinée, Les Larmes de l’aveugle, Richesses naturelles
- 1993 : Les Innocentines
- 1996 : Soirée Obaldia
- 1999 : Obaldiableries : Rappening, Pour ses beaux yeux, Entre chienne et loup
Lien externe
Notice biographique de l'Académie française
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